• Théâtre  • « Compassion, histoire de la mitraillette » Hutu/Tutsi, le cynisme européen face à un génocide, sans fin. ***

« Compassion, histoire de la mitraillette » Hutu/Tutsi, le cynisme européen face à un génocide, sans fin. ***

Milo Rau qui avait marqué le Kunstenfestival des Arts 2016 avec  » Five easy pieces  » ou l’histoire de Dutroux, interprétée avec une infinie délicatesse par des enfants revient deux fois en Belgique ce printemps. Au KFDA 2017, avec  » Empire « , où il examine l’Europe dans le regard de l’étranger et la part d’étranger dans l’Europe. Qu’est-ce que notre manière d’accueillir les migrants dit de l’Europe d’aujourd’hui, de son passé, de son futur ? ( » Empire  » au KFDA du 18 au 21 mai).

Dans l’immédiat et pour 2 jours seulement (30 et 31 mars)  au Théâtre de Liège, Compassion, histoire de la mitraillette » avec notre compatriote Consolate Siperiu, interviewée lors d’un festival à Belgrade. Voici mon commentaire de l’automne 2016.

 

« Dans le nouveau  spectacle de Milo Rau (créé à la Schaubühne de Berlin) « Compassion, histoire de la mitraillette », on voit une femme blanche, l’époustouflante actrice suisse Ursina Lardi témoigner d’un certain cynisme  » européen  » face à ce champ de ruines africain. Alors que dans  » Radio 1000 collines  » Milo Rau stigmatisait les âmes damnées du génocide des Tutsis, il analyse, froidement, la vengeance des Tutsis au Congo. Avec une petite survivante hutu burundaise, la jeune actrice belge Consolate Sipériu qui, en racontant son histoire, donne  une note de fraîcheur et d’espoir dans ce sombre drame. Et qui confirme son talent reconnu par la critique, dès 2013, de  » jeune espoir  » du théâtre belge. Son témoignage sera notre conclusion.

Consolate Sipériu, interviewée sur son travail avec Milo Rau dans  » Compassion « 

 » Je suis une personne positive dans la vie. Du coup, je trouvais intéressant que Milo Rau me fasse aborder sur scène un sujet lourd comme le génocide avec une grande prise de recul. Le fait d’être rayonnante malgré le propos tragique de mon personnage m’a plu et j’ai trouvé cela facile à jouer. C’était proche de moi et cela me permettait de m’évader. Pour Milo Rau, il faut offrir au spectateur une manière « cynique » d’approcher le sujet car le cynisme donne une ouverture et met actrices et spectateurs en position « borderline ». Pour Milo Rau le fait que deux femmes racontent deux histoires différentes (situées entre fiction et réalité pour l’une) vient nuancer chaque monologue. La fin où je fais surgir des rires d’enfants c’est une ouverture sur la vie qui vient casser l’esprit de vengeance qui pourrait naître.  » Par chance « , si je peux dire,  j’ai vécu d’une certaine manière le génocide et l’adoption par des parents belges Cela vient nourrir mon interprétation. Je trouve que ce sujet arrive de manière intelligente sur scène et dans le respect le plus total vis-à-vis des victimes. « 

« Compassion, histoire de la mitraillette » de Milo Rau, au Théâtre de Liège les 30 et 31 mars 2017.

 

Cet article est également disponible sur www.rtbf.be

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