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Après Feria

Lancée en 1997 avec « Les liaisons dangereuses », l’aventure de Feria Musica s’achèvera en juin 2017, à la fin de la tournée de « Daral Shaga ». Fer de lance du « nouveau cirque » en Belgique, la compagnie bénéficie d’une subvention importante, en regard d’un secteur sous-financé. Comment gérer cet héritage ?

Que fait-on, a trente ans, avec un métier honorable, mais un goût de trop peu ? On se cherche un loisir. Alors, guitare ou judo ? En 1982, Philippe de Coen, plonge sur un hobby rare, le trapèze volant. Dans un hangar désaffecté près de Paris, il côtoie Bouglione, Fratellini, Plume, Zingaro. Son ≪ maitre à voler ≫, un illustre trapéziste, Jean Palacy, entraîne Burt Lancaster et donne son nom a une petite école de trapèze, près de la Place Bethleem à Saint-Gilles, ou Philippe de Coen entraîne des gosses du coin à la voltige. Le curieux hobby se fait profession chez Bouglione puis avec Michèle Anne De Mey (Pulcinella). Il finit par créer avec un compositeur (Benoit Louis) et un dresseur de chevaux (Jacques Charandack) la compagnie Feria Musica. 

Leur premier spectacle Les liaisons dangereuses (1997) est adoubé par le Cirque Plume, pape du nouveau cirque. Anne Kumps, qui gère le cirque aux Halles de Schaerbeek, se souvient :  » Le plus frappant, dans ces Liaisons : l’obstination de Philippe à vaincre ce qui est impossible. Il faisait évoluer six chevaux dans un rideau de feu intermittent produit par du gaz ! Les pompiers bruxellois ont laissé faire, ceux de La Villette ont dit ‘niet’, rendant son exportation en France difficile. « 

Dirk Opstaele, metteur en scène des Liaisons, poursuivra avec Calcinculo (2000). Puis appel est fait à des chorégraphes. Fatou Traore pour Le Vertige du Papillon (2004), (un succès international avec 220 représentations entre 2004 et 2007). Et Mauro Paccagnella pour

Infundibulum (2009) et Sinué (2012). Enfin, Fabrice Murgia met en scène son « cirque-opéra » Daral Shaga (2015), visible au Théâtre National du 11 au 15 janvier 2017.

Philippe Grombeer, ancien directeur des Halles et membre de l’AG de Feria Musica, fait le bilan de cette aventure :  » Dans les années 90, Philippe a créé la seule ‘grande compagnie’ de cirque en Fédération Wallonie-Bruxelles, basée sur un projet artistique ‘total’, interdisciplinaire, mêlant cirque, musique live puis danse, fonctionnant dans un grand espace scénique, avec une dramaturgie exigeante. « 

Mais la dernière ambition, mêler cirque et opéra, laisse de nombreux programmateurs sceptiques.  » Avec Daral Shaga « , dit Philippe de Coen,  » j’ai voulu aller encore plus loin : un livret de Laurent Gaudé qui parle des réfugiés, une musique de Kris Defoort et une mise en scène de Fabrice Murgia. Mais ce spectacle n’est pas trop accepté par le milieu du cirque.  » 

Fier de son « petit dernier » mais conscient de son succès relatif (une bonne trentaine de représentations), Philippe de Coen décide, à l’automne 2015, de mettre fin à sa carrière, a 67 ans. Il lance donc un appel public à candidatures, sans opposition de l’administration de la FWB, pour se trouver un successeur.

 

La suite du dossier sur l’avenir de la subvention de Feria Musica est à lire dans le n° 9 du magazine C !RQ en CAPITALE en ligne ici

 

C!RQ en CAPITALE n° 9

C!RQ en CAPITALE n° 9 – © Espace Catastrophe

C!RQ en CAPITALE est le magazine de la vie circassienne à Bruxelles. Edité par l’Espace Catastrophe, il rend compte de l’actualité du cirque contemporain et plonge au cœur d’un ‘boom’ qui touche tous les secteurs : spectacles, stages, formations, projets sociaux…

Le n°9 vient de sortir, il est disponible gratuitement dans différents lieux à Bruxelles, et en ligne ici.

Lettre ouverte suite à l’article” Après Feria” paru dans C!RQ en capitale N°9

A la lecture de cet article, la compagnie Feria Musica s’étonne que l’objectif annoncé de rendre hommage à ses œuvres et de discuter de l’héritage artistique soit réduit au commentaire de la subvention qui lui est attachée. L’aventure Feria Musica, de plus de vingt années, ne mérite-t-elle qu’un traitement par la voix des chiffres ?

Nulle part, dans le magazine C!RQ en CAPITALE, ne sont évoquées la démarche artistique de la Cie, la question de l’écriture et du sens de ses spectacles, sa vision du cirque contemporain.

De notre parcours, nous retenons avant tout une aventure humaine portée par le travail de dizaines d’artistes (acrobates, musiciens, techniciens, scénographes, auteurs, compositeurs…) et de toute une équipe au quotidien. Un travail, un engagement, à saluer et respecter. Cet aspect est survolé en un paragraphe dans l’article avant de passer très rapidement aux aspects financiers.

Notre position quant à cet “héritage” n’apparaît pas dans l’article. Il nous semble essentiel qu’elle puisse être relayée ici :

Malgré les coupes budgétaires successives dans toute l’Europe qui fragilisent la création et limitent les prises de risque tant du côté des compagnies que des théâtres, nous souhaitons que le montant de notre subside soutienne de façon réaliste une compagnie phare, et que la totalité de ce montant soit maintenue dans le secteur Cirque Rue Forain et plus précisément affectée au fonctionnement des compagnies. Nous souhaitons que  » l’héritage de Feria Musica  » participe positivement à la stabilisation des compagnies.

Notre dernier spectacle Daral Shaga, œuvre saluée par la presse française comme « merveille circassienne à l’opéra », jouera au Théâtre National en coréalisation avec la Monnaie du 11 au 15 janvier 2017.

Philippe de Coen et l’équipe Feria Musica

Cet article est également disponible sur www.rtbf.be

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