• Théâtre  •  » Drarrie in de nacht  » au KVS : quatre gamins perdus, entre pluie et lumière, slam et mauvais coups.

 » Drarrie in de nacht  » au KVS : quatre gamins perdus, entre pluie et lumière, slam et mauvais coups.

L’an dernier, Junior Mthombeni avait produit un spectacle musical de qualité en hommage à  » Malcolm X « , un des leaders de la révolte noire américaine des années 60, converti à une forme dure de l’Islam. Il récidive avec ses complices, l’auteur et comédien Fikry El Azouzy et le musicien César Janssens,

Comme dans  » Malcolm X  » la musique a un rôle capital puisque le hip hop et le slam  nous plongent à la fois dans un univers poétique et un rythme qui illustrent et un mode de vie et une façon de penser. Ici la musique produite en direct par  César Janssens nous impose une atmosphère à partir de divers instruments connus et incongrus comme… des machines à laver. Or ce dernier  » instrument  »  se justifie par la rencontre des quatre enfants terribles ( les  » drarries  » ) dans une …wasserette, une nuit d’ennui et de désœuvrement propice aux confidences, rêves d’action plus ou moins louches, où la tentation de Jihad vient combler un énorme vide existentiel. On est en plein dans l’actualité, le vécu de paumés, laissés pour compte venus du Maroc ou de l’Afrique noire,  » Violence et peur, bravade et fragilité, grosse gueule et cœur tendre, les deux faces de la médaille  » résume le metteur en scène , Junior Mthombeni.

Une des clés du spectacle est la volonté, généreuse, de mettre sur le même plan les minorités issues de l’Afrique noire et du Maghreb alors que dans la réalité du grand public, elles ne sont pas  » ressenties  » de la même manière. Autre parti pris qui rend l’action parfois confuse :la vitesse slammée des dialogues qui se chevauchent et enchaînent d’une langue à l’autre, facilitant le  » zappage  » du sens et une certaine confusion.Avec trois forces incontestables : le dynamisme des acteurs (dont l’auteur, Firky El Azzousi),  » mis en piste  » par Junior Mthombeni qui nous entraînent dans leur monde, entre gravité et sourire. La qualité de la scénographie d’Eugenio Szwarcer, mêlant les néons de la wasserette à une pluie continue  » belgissime « . Et ce diable de musicien César Janssens, la clé de notre plaisir scénique.

 » Drarrie in de nacht  » au KVS jusqu’au 9 février

Christian Jade (RTBF.be)

 

Cet article est également disponible sur www.rtbf.be

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