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Un Bruxellois à Liège : Serge Rangoni, un bilan de 10 ans, confirmé par la saison 2016/2017.

Le Théâtre de Liège, anciennement  » Théâtre de la Place « , détruit pour cause d’insalubrité,  est dirigé depuis 10 ans par Serge Rangoni. Un lieu splendide, en plein centre, Place du 20 août, à deux pas de l’Opéra. Sa restauration a coûté des années d’obstination à deux directeurs, Jean-Louis Colinet et Serge Rangoni.  » Descendu  » à Bruxelles pour présenter sa saison 2016/2017 Serge Rangoni a dressé le bilan de 7 ans de lutte et de trois ans de confirmation dans un lieu idéal.

Le programme complet de la saison 2016/17 du Théâtre de Liège est à consulter sur le site http://theatredeliege.be/

 

Interview de Serge Rangoni (S.R.), directeur.

Serge Rangoni directeur du Théâtre de Liège

Serge Rangoni directeur du Théâtre de Liège – © DR

CJ : Vous êtes manifestement heureux du nouvel  » instrument  » théâtral qui fonctionne depuis 2013 ?

S.R : Comment ne pas l’être quand on dispose d’un lieu aussi beau et fonctionnel ? On a transformé « l’outil » théâtral comme les ateliers qui produisent décors et costumes. On dispose de deux salles de répétition, qui nous permettent de produire en moyenne 15 créations. Nous avons une visibilité maximale en plein centre de Liège. Nous sommes devenus « centre européen de création théâtrale et chorégraphique » pour accueillir et exporter de grands spectacles avec une ouverture sur l’Europe et même le monde puisqu’on travaille avec la Corée !

C.J : Vous avez aussi importé à Liège votre passion pour la danse ?

S.R Nous avons créé le Festival biennal « Pays de danse », de Liège à… Maastricht. Mais depuis cette année nous avons aussi pris en résidence de création pour deux saisons la chorégraphe Ayelin Parolin, une Argentine vivant à Bruxelles. Et elle travaille actuellement en Corée du Sud sur « Nativos », une coproduction avec une grande compagnie de danse coréenne contemporaine qui sera créée à Liège, puis aux Tanneurs, à Bruxelles puis en Italie. Et elle a un beau projet pour le Kunstenfestivaldesarts 2017.

C.J : Parlons chiffres : Votre bilan annuel s’élève à 4.300.000 euros pour une subvention de près de 2.600.000 euros de la Fédération Wallonie-Bruxelles. D’où viennent ces recettes complémentaires ?

Nous recevons aussi des subsides de la Ville de Liège et de la Région wallonne et du sponsoring du secteur privé. De plus nos coproductions nous ont rapporté plus de 300.000 euros et notre billetterie plus de 500.000 euros. Nous sommes en effet passés à 50.000 spectateurs dont 3.000 abonnés grâce à notre déménagement dans ce beau lieu central. Enfin nous recevons des subsides européens via la plateforme European Theater Convention, en particulier pour la création digitale et les nouvelles technologies appliquées au théâtre. Un travail de longue haleine, comme vous voyez, qui place Liège dans le paysage francophone et européen.

C.J : Votre saison 2016/17, au plan international, comporte quelques grandes pointures.

Notre coup de cœur va à Isabelle Huppert qui triomphe à Paris dans  » Phèdre(s « ) mis en scène par Krzysztof Warlikowski. Sur des textes de Wajdi Mouawad, Sarah Kane et J.M Coetzee. Warlikowski fréquente notre théâtre depuis longtemps mais pour la première fois avec une distribution française. Pour moi Warlikowski est une synthèse parfaite de l’esthétique contemporaine avec son goût de textes forts, pas nécessairement théâtraux, et une écriture de plateau extraordinaire. Coup de cœur aussi pour l’actrice française Mélanie Laurent qui produit sa première mise en scène de théâtre  » Le dernier Testament « , de James Frey, une critique de l’Amérique puritaine qui développe une pensée écologique tolérante, que nous coproduisons, entre autres avec le Théâtre de Chaillot. Vous pourrez aussi revoir Pipo Delbono, un artiste unique pour moi qui nous propose un spectacle avec le chœur de l’Opéra de Liège. Et en danse l’Argentine Constanza Macras nous propose un spectacle drôle et énergique sur les clichés coloniaux et (post)-apartheid, de la danse zoulou au hip hop.

C.J : Votre ouverture de saison 2016/17 donne aussi la parole à de jeunes talents confirmés en FWB.

Je suis très fier de suivre l’évolution de Selma Alaoui, repérée lors d’un de nos premiers festivals « Emulations » .qui met tous les deux ans en concurrence des jeunes prometteurs de la FWB devant un jury international. La prochaine édition aura lieu fin avril 2017.

Selma a été l’assistante de Warlikowski et  propose une grosse production « Apocalypse Bébé » qui circulera de Liège à Bruxelles, Mons et Namur. Le texte de Virginie Despentes, entre polar et road movie est centré sur une inspectrice lesbienne. On y aborde donc le problème du genre tout comme dans deux textes de Falk Richter Etats d’urgence à la fois drôles et tragiques sur des solitaires en crise Il sera mis en scène par un autre talent prometteur l’acteur /metteur en scène multilingue Vincent Hennebicq.

 Sur la fin de saison 2015/16 et la Saison 2016/17 voir http://theatredeliege.be/

 Christian Jade (RTBF.be)

Cet article est également disponible sur www.rtbf.be

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