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« La Reprise » de Milo Rau : « Avignon KO debout ». Revue de presse et impressions ****

Après la première en mai à Bruxelles, dans le cadre du KFDA, le spectacle de Milo Rau a évolué dans sa version avignonnaise.

« Le plus grand moment du festival » affirme Armelle Héliot du Figaro. Un « spectacle contestable » tonne Brigitte Salino du Monde. « L’œuvre majeure du Festival à ce jour«  réplique Fabienne Pascaud (Télérama). « Dépourvu de tout sensationnalisme » confirme Libération.  Une leçon de théâtre qui bouleverse Avignon » pour les Echos. « . « Avignon KO debout » constate France Info.

Avant de vous livrer mes impressions, voici une revue de presse précisant ces points de vue passionnés de la presse française.

 

Sophie Jouve sur son blog France Info titre « La Reprise » de Milo Rau : un spectacle sur la banalité du mal qui met Avignon KO debout.

Et d’expliquer sa réaction face à la scène reconstitution du crime qui interpelle tout spectateur « La Reprise » ne nous a jamais paru ni gratuite ni complaisante. La pièce pose des questions, elle nous force à ne pas être aveugle, elle agit sur nous en nous confrontant à nous-mêmes, selon notre propre ressenti. Ainsi un collègue croisé à la sortie, s’étonnait que la pièce n’ait pas été plus violente encore… « 

  » Une « Reprise » de haute volée, Milo Rau reprend le théâtre à zéro » analyse Libération(Elisabeth Franck-Dumas). Il démontre et interroge tous les potentiels de la tragédie, du mot et du jeu.   Et la représentation de la violence ? « Dépourvue de tout sensationnalisme, cette poignante tragédie est une magistrale démonstration de ce que peut le théâtre. »

Pour Vincent Bouquet dans Les Echos, la  » Reprise  » est une leçon de théâtre qui bouleverse Avignon… (et qui) fait du théâtre une passerelle pour générer du réel « 

Un seul avis négatif, tranchant, dans toute la presse française. Une des deux critiques théâtre du Monde, Brigitte Salino titre « Milo Rau sur le fil, entre reproduction et représentation de la violence ». Sa condamnation est sans appel :  « Le dramaturge suisse signe un spectacle contestable sur le meurtre d’un homosexuel à Liège, en 2012… Et c’est un triste leurre de penser que le public, comme dans la tragédie d’Œdipe, vivrait une catharsis. Il ne s’affranchit pas d’une violence d’aujourd’hui, il la subit. « 

Réaction exactement inverse d’Armelle Héliot dans Le Figaro :

« Tout est montré et avec un effet de réalité atroce. Et pourtant l’on ne se sent pas voyeur, on ne l’est pas…. Sans nul doute le plus grand moment du festival. »

Fabienne Pascaud de Télérama abonde dans ce sens, considère « la Reprise » comme « l’œuvre majeure du Festival à ce jour » et interroge son émotion : « Comment représenter le diable en scène ? Et pourquoi un spectateur entre-t-il lui aussi dans un théâtre ? Comment en sort-il ? Acteur et spectateur sont soudain soumis au même questionnement. Étrangement, superbement, étonnamment unis, dans une même quête de meilleur. On en aurait les larmes aux yeux. »

 

Mon avis pour cette version avignonnaise. Encore plus d’émotion, contrôlée,qu’à Bruxelles. Un chef d’oeuvre. ****

Fabian  Leenders et Tom Adjibi dans

Fabian Leenders et Tom Adjibi dans – © Christophe Raynaud de Lage

Quant à moi, j’ai revu « La Reprise », après Bruxelles, dans une mise en scène légèrement resserrée : 1H40. Les parties plus sociologiques, qui plaçaient le crime dans l’environnement liégeois d’économie ruinée, ont été réduites au minimum. Du coup la tragédie, et donc l’émotion, sont plus fortes, moins « contenues » et rejoignent cette impression de « Five Easy pieces » de frôler le précipice sans jamais y tomber.

Une standing ovation de 5 minutes m’a définitivement rassuré sur la portée émotionnelle de cette œuvre « risquée » comme toutes celles de Milo Rau. Son œuvre sur les Femen a été interdite en Russie où il est persona non grata. Son courage tranquille me bluffe. Et ses interprètes sont au sommet. D’avoir retravaillé le texte leur donne à tous, amateurs comme professionnels, une assurance tranquille et une maîtrise totale de leurs capacités d’expression. Le postulat de Milo Rau, le mélange de professionnels et d’amateurs marche à fond, dans l’humour comme dans l’émotion. Suzy Cocco et Fabian Leenders égalent leurs grands amis « pro » Johan Leysen, Sara De Bosschere et Sébastien Foucault. Et le jeune Tom Adjibi, confirme sa maîtrise éclatante dans le rôle central de la victime.

 

« La Reprise » de Milo Rau jusqu’au 14 juillet à Avignon.

Puis une longue internationale passant par la Schaubühne de Berlin, les Amandiers de Nanterre (du 22 septembre au 8 octobre) et plus tard l’Asie et l’Australie !

Avignon, Christian Jade (RTBF.be)

Cet article est également disponible sur www.rtbf.be

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