« Obsolète » (Collectif Rien de spécial): Ah! qu’il est dur d’être écolo !***
Sur scène trois mignons acteurs prénommés Alice, Marie et Hervé, comme les protagonistes. Dans leur cuisine ils s’efforcent de pratiquer les bonnes manières écologiques pour favoriser l’économie et la finance équitable et préserver la planète .Chacun y va d’une petite confession sur ses tentatives vertueuses et ses échecs. Alors vivent les vêtements recyclés mais difficile de ne pas craquer pour un jeans mode fait par les nouveaux esclaves asiatiques. Chouette la bouffe bio mais est-on sûr qu’elle est si bio et si vertueuse que ça ? Et qu’on peut se battre pour se l’appliquer tout le temps et l’imposer aux autres ? Le confort, la douceur de vivre ramollissent des énergies déjà faiblement militantes. Qui combattre et comment ?
Autobiographique, alors, leur histoire ? Oui et non : ils exposent en fait les angoisses d’une génération qui a bien assimilé les concepts de l’écologie .Mais ils ont de la peine à se l’appliquer intégralement et sont impuissante face aux catastrophes annoncées. Ils décident donc d’agir… en se projetant dans les années 2070. Non plus la « cata » annoncée mais vécue comme une utopie futuriste. Plus de pétrole donc la lumière provient d’un vélo actionné par leur force musculaire. Plus de vêtements donc les voilà nus et frissonnants. Plus de récoltes donc la débrouille pour manger. Cette deuxième partie nous a paru un peu plus fragile quoique plaisante. L’échec final les ramène dans leur petite vie quotidienne confortable mais surtout à leur manque de courage initial. Bref on tourne en rond avec bonne humeur et la vague impression que les vieux soixante-huitards, leurs parents, avaient bien de la chance de se révolter contre des réalités tangibles, à une époque où on pouvait encore changer le monde et identifier » l’ennemi « .
Les thèmes paraissent assez banals mais la qualité du spectacle est dans la force du miroir tendu:eux c’est nous, sans devoir taper sur l’épaule du public. :Alice Hubball, Marie Lecomte et Hervé Piron, avec leur dégaine de » bobos cool » sont à la fois crédibles dans leurs interrogations et délicieusement ironiques. Ils évoluent dans une scéno et des costumes de Prunelle Rulens aux couleurs vives et diablement efficaces pour rythmer l’histoire : une petite heure dix de divertissement intelligent.
Obsolète du Collectif Rien de spécial au Varia jusqu’au 28 avril.
Maison de la culture de Tournai, 10-12 mai.
Christian Jade (RTBF.be)
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