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Festival de Liège:ouverture en fanfare et 2è semaine passionnante.

« Le discours à la Nation » d’Ascanio Celestini, caricature (drôle, fine!!) du capitalisme, magistralement interprété par David Murgia a ouvert le Festival de Liège le 18 janvier.Il ne pouvait mieux tomber avec l’affaire Mittal, dont il est le « Charlie Hebdo »! Réservez vos places pour sa reprise au National du 23 avril au 4 mai. 2è semaine alléchante avec des découvertes (1 italienne, 1 irlandaise, 1 chilienne) et une confirmation (allemande, Falk Richter),dont deux avant-premières à Bruxelles au Théâtre National et à Charleroi /L’Ancre.

 

Critique:****

Ce Discours à la Nation, par son titre, peut inspirer une certaine crainte: Solennel? Evidemment pas, avec le subtil Italien, qui a ouvert le premier Festival de  Liège, version J.L Colinet. La politique est bien là, mais comme un gant (re)tourné…en dérision. Pas non plus de la caricature de foire mais un démontage en règle non seulement du discours politique mais des syllogismes internes au néo-capitalisme financier. Les slogans anciens « lutte des classes » sont retournés contre le public pris à témoin que cette lutte existe bien …mais que les « capitalistes » se la sont tranquillement appropriée au nez et à la barbe des « prolétaires ». Les dominants/dominés, les hommes au parapluie et ceux qui n’en ont pas ornent un récit fait de petites anecdotes concrètes ou de métaphores hilarantes . Aidé de Jonathan Swift (qui dans Une modeste proposition suggérait le retour au cannibalisme pour résoudre la question irlandaise, catholique contre protestants) Celestini applique la formule à…l’immigration.  Le texte fourmille d’exemples d’absurde revisité.  La grande nouveauté: Celestini n’est plus un conteur assis, débitant à toute vitesse son texte poétique et acide.Il confie son rôle à son magistral disciple, David Murgia qui s’approprie le « débit » « celestinien » mais au service d’un jeu d’acteur complet. On reste soufflé par son talent et sa maîtrise de toutes les facettes du jeu. A voir à Bruxelles au National fin avril/début mai.

Programme magistral (en perspective) de cette  semaine:une découverte italli-enne, Alexis una tragedia greca » par la compagnie Motus qui évoque le mythe d’Antigone à propos de la mort d’un jeune anarchiste grec abattu par un policier à Athènes en 2008.  Falk Richter dans Rausch où, avec la chorégraphe Anouck Van Dijk il utilise la grâce de 12 danseurs pour partir à la recherche d’un monde qui s’effondre. Ou encore des Irlandais qui dans Blue Boy nous plongent dans un univers de vidéos et de masques de papier pour évoquer les curés pédophiles irlandais. Enfin des Chiliens inconnus dans Tratando de hacer una obra que cambie osent reparler d’art et de révolution, d’utopie et d’enfermement en attendant la société idéale.

Le Festival de Liège parle d’aujourd’hui, avec une force politique transcendée par des esthétiques contemporaines audacieuses.

 

Christian Jade (RTBF.be)

 

Cet article est également disponible sur www.rtbf.be

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