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KFDA, suite, la guerre civile yougoslave décapée par l’humour

Le KFDA mêle des artistes très connus (comme la Forsythe Company, Claude Régy, Jérôme Bel, Boris Charmatz ou Guy Cassiers) et de moins connus. Bonne surprise donc avec  le Croate Oliver Frljic associé au théâtre slovène Mladinsko dans un décapant Damned be the traitor of his homeland.

Damned be the traitor of his homeland .Oliver Frljic: guérir la mort par la parodie.

Critique:***

Sur scène, six personnages étalés, morts, avec un instrument de musique qui va petit ramener à la vie ces victimes de la guerre civile yougoslave. ( Ils sontacteur, musiciens, chanteurs: artistes multiples aux performances marrantes). Car ces « morts » renaîtront de leurs cadavres lors de plusieurs épisodes de la pièce. Une atmosphère qui nous rappelle les deux films les plus célèbres sur le thème de la guerre civile yougoslave, Underground du Serbe Kusturika ou encore  et No man’s land du Belgo-Bosniaque Tanovic.  Mêlant sarcasme destructeur et humour reconstructeur, Damned be the traitor… démonte non seulement les rouages absurdes de la guerre civile yougoslave, vue à travers plusieurs générations, mais de toute guerre civile potentielle. Ce qui nous vaut un savoureux morceau de politique intérieure belge avec notre équilibre instable entre communautés au bord du gouffre et le sauvetage par un…Italien (pourquoi pas par un SDF musulman, la prochaine fois, ironisent les Craoto Slovènes!). Mêlant avec une allégresse communicative tous les codes de représentation, la troupe recourt  aux lois du théâtre interactif: insultes au public(un vieux classique, mais très drôle dans le contexte), un déshabillage en règle des hommes avec, là aussi, des tentatives de séduction grotesques du public. Avec une denière partie remarquable, qui montre, à l’intérieur du groupe d’acteurs, les rapports de force et d’ambition malsaine.  Comme une guerre civile de plus, propre à tout groupe humain aux prises avec son intime envie de surpasser les autres : une guerre civile qui elle s’arrêtera net, sans morts à déplorer.

– © rtbf

Musique, chant , lumière, costumes parodiques, dialogues féroces sans hurlements: un hyperprofessionalisme ravigotant (ils se moquent d’ailleurs  de leur  » professionalisme », allant jusqu’au bout de leur autodestruction parodique). Un spectacle trè fort qui nous renvoie à nos guerres civiles et petitesses joyeusement dynamitées. Just great!

Damned be the traitor of his homeland à voir au Beursschouburg jusqu’au 8 mai. www.kfda.be

Christian Jade (RTBF.be)

Cet article est également disponible sur www.rtbf.be

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