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La ruée des Belges sur le OFF en Avignon..Un nouveau lieu: Episcène. Un inattendu: Bab Marrakech

Le Festival d’Avignon OFF c’est une vitrine culturelle et commerciale où les productions francophones viennent s’exposer en espérant une tournée en France ou … en Belgique.  Des milliers de programmateurs y circulent et depuis 2002 le Théâtre des Doms est subventionné par la FWB pour offrir une chance aux productions francophones belges (voir notre article).

Un autre lieu, la Manufacture, un collectif dont les têtes belges sont Pascal Keiser et Pierre Holemans, est, depuis 2001 une alternative « privée » aux projets belges. Son évolution (1 puis 2 puis 4 salles), ses ambitions, à fois plus françaises et plus internationales, plus sociales et sociétales, son organisation partiellement en « collectif » mérite un article « à part ». Cette année deux spectacles belges seulement figurent à son programme : la danse avec une brève apparition de Thierry Smits (« Anima ardens » du 6 au 15 juillet) et le cirque avec « Exodus  » le spectacle 2016 de Patrick Masset sur la crise des réfugiés (du 10 au 23 juillet). Patrick Masset dont le spectacle 2018, « Strach, a fear song » patronné par les Doms, créé au Festival Up de Bruxelles, est accueilli au festival de cirque « Occitanie » sur l’île Piot. Une année bénie en somme pour Patrick Masset.

De Molenbeek à Avignon ou le coup de bol (et de talent) d’Ismaïl Akhlal.

La ruée des Belges sur le OFF en Avignon..Un nouveau lieu: Episcène. Un inattendu: Bab Marrakech

La ruée des Belges sur le OFF en Avignon..Un nouveau lieu: Episcène. Un inattendu: Bab Marrakech – © Marie Kasermizerczac

Année bénie aussi pour Ismaïl Akhlal, repéré par un coup de cœur de Catherine Makereel, dans le Soir, adoubé comme « jeune espoir » par les Prix de la Critique 2017 pour son solo « Bab Marrakech« .  Passé par « Poème 2 », il est projeté dans l’arène du Festival d’Avignon OFF dans le très beau Collège de la Salle (du 7 au 27 juillet). Avec l’aide de Rachid Madrane (responsable de l’image de Bruxelles à la FWB) et de Fadila Laanan (Ministre-Présidente de la Cocof ), « Bab Marrakech » est un des nombreux exemples de cet « humour marocain », comme Roda Fawez, repéré aux Riches Claires, repris au Poche puis exporté à Avignon. Un portrait de famille plein de tendresse et un hommage au père malade, que son fils remplace dans une petite épicerie de la chaussée d’Ixelles, Et une fresque comique sur le Bruxelles cosmopolite et international, où musulmans et « petits Belges » sont caricaturés en douceur. Enfin une belle performance pour Ismaïl qui jongle avec les rôles dans une mise en scène habile et dynamique de Jean-François Jacob.

Après Avignon, « Bab Marrakech » passera un « été festival » (Bruxellons/Karreveld, Spa, Diversités /TTO) pour atterrir à Molenbeek (Maison des cultures) en octobre Une success story ?

Un nouveau lieu : Episcène. Une attention portée aux textes forts…ou/et drôles.

Chaque année les Belges se répandent dans divers lieux du festival selon des affinités électives avec l’un ou l’autre patron local. Ici une passionnée de théâtre avec une grande expérience du marketing, Jeaninne Horrion et un acteur expérimenté, Patrick Donnay lancent un lieu occupé jadis par le Théâtre Ninon. On pourra y voir des succès éprouvés comme « Bord de mer » de Véronique Olmi, où Magali Pinglaut intense, bouleversante en mère « perdue », qui « n’a plus personne où aller », est mise en scène par Michel Kacenelenbogen. Philippe Sireuil reprend un de ses coups de maître : une adaptation du « Voyage au bout de la Nuit » de Céline où le rôle du désespéré des tranchées est tenu par une actrice suisse surdouée Hélène Firla. Quant à Serge Demoulin, mis en scène par Michael Delaunoy il reprend « Le Carnaval des ombres » où il raconte la difficulté d’être germano-belge dans les cantons de l’Est, au lendemain de la guerre 40-45.Collabo? Boche ? Combien de génération pour oublier ? Sur fond de carnaval pour mêler le tragique et le festif.

Le reste de la programmation mêle l’humour de Bruno Coppens (« Loverbooké »), l’interrogation sur le féminisme des origines « Les petites filles des sorcières »)  de Christine Delmotte et un joyeux duo de vieux compères, Patrick Donnay et Jean-Pierre Baudson dans « Jacques le Fataliste » de Diderot. Sans oublier « Otto und Helmut » de et avec Jean-François Breuer et Aurelio Mergola, produits par le TTO : » les Laurel et Hardy de la performance  » d’après Bruzz.

Un lieu où le texte est roi.

Info : http://episcene.be/

 

.Christian Jade (RTBF.be)

Cet article est également disponible sur www.rtbf.be

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