• Théâtre  • « West Side Story » « revu » par Ivo Van Hove et Anne-Tersa De Keersmaecker. Une demi-surprise.

« West Side Story » « revu » par Ivo Van Hove et Anne-Tersa De Keersmaecker. Une demi-surprise.

Ivo Van Hove est l’auteur à Avignon d’une splendide méditation sur la « prison familiale » et le désir bridé « Les choses qui passent », de Louis Couperus, où la musique joue un rôle essentiel. Nous y reviendrons. Lors d’une conférence de presse il a expliqué ses relations à la musique, à l’Amérique et à Broadway. Un éclairage sur cette future re-création de West Side Story à Broadway sur une chorégraphie d’Anne Teresa De Keersmaecker. Previews en décembre 2019, première le 6 février 2020 !

 

Ivo Van Hove, « punk » des années 80, « off de chez off » a vécu 10 ans à New York et est petit à petit entré dans l’Establishment local. En Europe il produit des spectacles « haut de gamme » (d’un sublime « Ring » de Wagner à l’Opéra des Flandres en 2007/2008 aux « Tragédies romaines » ou aux « Damnés » de Visconti en Cour d’Honneur en 2016).  A New York Ivo Van Hove modernise le répertoire américain des années 60/70. Arthur Miller en particulier, « Les Sorcières de Salem », « Vu du Pont ». Plus difficile de plier « West Side Story » à ses vues mais il y est parvenu, à ses conditions !  A deux ou seuls,  Anne Teresa et lui, ont déjà séduit et la Monnaie, et l’Opéra de Paris et les théâtres allemands, alors Broadway, pourquoi pas ? Après tout « West Side Story », c’est du Shakespeare, une histoire de pouvoir et de désir, le thème favori de Van Hove, un « Roméo et Juliette » 1961 qu’il glissera sans effort en 2020. Quelques extraits de sa prise de parole publique à Avignon.

On ne vous attendait pas dans une « comédie musicale , celle-là surtout !

Ivo Van Hove : La musique a toujours un rôle très important dans mes spectacles. Il y a de la musique à chaque seconde, même quand on ne l’entend pas. Pour moi, chaque spectacle est un spectacle de « théâtre musical », pas du « music-hall ». C’est toujours une combinaison des deux, texte et musique.

Mais cette année, oui, je vais « revoir » « West Side Story » à Broadway avec Anna Teresa de Keersmaecker, financé par un producteur vraiment important, Scott Rudin. Il a fait des films fabuleux (entre autres des frères Coen et de Wes Anderson) et on a fait déjà deux spectacles ensemble à Broadway : « Vu du Pont » et « Les Sorcières de Salem » d’Arthur Miller. Je lui ai proposé « West Side Story » mais à condition de ne pas utiliser la chorégraphie de Jérôme Robbins mais celle, nouvelle, d’Anne-Teresa De Keersmaecker. Rudin a d’abord dit que c’était impossible, mais j’ai trouvé la solution, en trois semaines. C’est la première fois aux Etats-Unis que l’on peut faire une nouvelle chorégraphie pour ce spectacle C’est un beau défi pour Anne Térésa et moi. « 

Vous avez travaillé avec Bowie sur « Lazarus » avant qu’il ne tombe malade. A quand remonte votre tout premier geste en « comédie musicale » ?

En 1981 lors d’un voyage aux Etats-Unis avec Jan Versweyveld, mon scénographe depuis cette époque, on a rencontré un réalisateur, ami de classe de Jan. Il tenait le rôle principal dans un spectacle qui ne se déroulait pas dans un théâtre « classique » mais dans une friche industrielle abandonnée. C’était la mode. Au temps du punk, on était contre le gouvernement, on n’avait pas d’argent et on faisait tout nous-mêmes. Il y avait trente personnes sur scène et trente dans la salle avec des textes que j’ai écrits moi-même, très fragmentés, sur la schizophrénie, (être dans le monde, ou pas, se sentir seul) mais dans une esthétique très brutale. Quelques jours avant la première, Jan a dit : « on fait de la brutalité dans une esthétique où je me fous de tout« . On a commencé comme ça, comme des punks.

Christian Jade (RTBF.be)

 

Cet article est également disponible sur www.rtbf.be

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