• Théâtre  • « Trois ruptures », Rémi Devos : trois mini-films de haine corsée. Et hilarante***

« Trois ruptures », Rémi Devos : trois mini-films de haine corsée. Et hilarante***

Ils sont si mignons, tous deux, assis à table autour d’un délicieux repas qui comble d’aise le conjoint. Seulement voilà c’est le « dernier repas », la « Cène » finale suant la trahison, l’adieu au couple, la rupture. A petits coups de couteau on passe de câlin à canin : au centre du règlement de compte, la chienne du mari. Le temps d’une petite pose et hop, changement de situation, la femme attachée subit le sadisme revanchard du mâle l’obligeant à bouffer de la nourriture… pour chien. Ambiance. Rémi Devos fait rarement dans la dentelle, souvenez-vous d’Occident où un couple se déchirait, avec en toile de fond l’extrêmes droite. Pas de social ou de politique ici, mais un concentré de haine « en interne », comme deux poissons rouges dans leur bocal. Mais quels poissons rouges : Benoît Van Dorslaer réussit le tour de force de styliser ses colères, un atout dans son jeu double de salaud et de victime. Et Catherine Salée y distille ses fausses douceurs et ses vacheries avec une force tranquille : ah ! le joli couple. Au mini-acte 2, le centre du conflit est un amant, plus classique, sauf que c’est l’amant du mari, un pompier. L’acte 3 place l’enfant au centre de la discorde conjugale. Gradation dans la haine.

C’est à la fois terrifiant et drôle, comme une mécanique à la Feydeau, en plus trash : répliques courtes, cinglantes, violentes et distance critique. Entre chaque épisode Bruno Emsens, le metteur en scène, introduit de petits interludes musicaux et un écran qui annonce avec humour la cata qui s’annonce : très drôle. En une heure rythmée on passe un bon moment alors qu’on assiste à un carnage : le paradoxe de la destruction d’un couple où tout le monde peut se projeter…avec la distance du rire.

Avec deux acteurs, Catherine Salée et Benoît Van Dorslaer au sommet de leur forme. Vincent Bresmael leur a préparé une scéno astucieuse et efficace et Bruno Emsens a modéré leurs transports et orchestré la partition. Dans ce petit lieu magique, créé récemment, le Boson où le spectateur retrouve les délices du théâtre de chambre (40 spectateurs).

 » Trois ruptures« , Rémi Devos, au « Boson », entre Cimetière d’XL et place de Petite Suisse, prolongé jusqu’au 18 mars.

http://www.leboson.be/fr/

 

 

 

 

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