Prix de la Critique (théâtre/danse) 2015: palmarès des nominés. Mais question, critique/artistes : danger sur une entente cordiale ?

Deux cadeaux pour le même… prix : la liste des 40 nominés des Prix de la critique 2015 dont les 13 lauréats seront proclamés le 19 octobre à Mons. Mais d’abord, une mise au point : critique/artistes:? Quel contrat pour un « vieux couple » en dispute ?

Au cours de cette saison 2014/15, certains membres du jury ont été l’objet d’attaques frontales via internet ou par des pressions plus directes. Avant le palmarès, nous publions donc dans chacun de nos medias une mise au point, unanime, sur notre mode de fonctionnement, les règles de notre « jeu » et les limites à ne pas franchir pour rester dans une « querelle de famille conviviale ». Aucun nom, pas de polémique, simplement des principes à rappeler. Mais très fermes.

 

Autre innovation 2015 (structurelle et pas « circonstancielle »):par souci de clarté et de pédagogie nous publions nos « avis critiques » sur les 40 nominés dès ce 30 juin et plus à la mi-octobre, sur notre site internet. www.lesprixdelacritique.be. Un double avantage, les nominés et le public savent pourquoi…nous les aimons. Et la longue liste des compagnies et lieux de création et d’accueil s’y trouve mentionnée. En cas d’erreur ou d’oubli, dialoguons, dans la clarté!

 

Communiqué du jury:

 

 

 

Critique-artistes : l’histoire houleuse d’un vieux couple

 

Vous avez dit « Molière » ?

 

Sans équivalent dans la partie francophone du pays, les Prix de la Critique tissent leurs lauriers depuis… 1952, donc bien avant les Molières français… dont ils ne partagent pas la généalogie. Les lauréats des Molières sont désignés par “la profession”, avec des enjeux économiques et financiers importants. Et les pressions qui vont avec. Le jury des prix de la critique belge, bénévole, ne rassemble que des journalistes de la presse écrite, de la radio et de la toile. Leurs seules motivations: les coups de coeurs, argumentés, en toute indépendance.

 

En juin, ce jury départage des centaines d’artistes de théâtre et de danse, pour ne retenir que quarante nominations, dévoilées aujourd’hui et le 19 octobre c’est à Mons, capitale européenne de la culture que seront proclamés les lauréats pour la saison 2014-2015.

 

Disparition de la critique ?

 

Si les débats ont toujours été passionnés, voire saignants, des interrogations percent depuis quelque temps. Alors que l’offre théâtrale et dansée continue de s’étoffer, en dépit de la crise, l’espace critique dans les médias se réduit, quand ce n’est pas toute la culture qui est en danger à la télévision de service public. La critique doit-elle disparaître ? A quoi sert-elle ? Pourrait-elle être, humblement, le chaînon qui permet au public de connaître les artistes et de les suivre dans leurs aventures scéniques?

 

Cohabitation laborieuse

 

Artistes et critiques forment un vieux couple avec tout ce que ça recouvre de bonheur, d’incompréhension, d’émotion, d’agacement, de tendresse. Nous comprenons l’amertume des comédiens, metteurs en scène, qui estiment injuste un papier moins positif, ou dont les nuances ont été rabotées par le peu de place qui lui a été concédé. L’objectif n’est jamais de blesser ou de bâcler en trois mots un travail de longue haleine. La notation des spectacles par nombre d’étoiles est parfois mal perçue. Rappelons que deux étoiles signifient que l’on aime “beaucoup” un spectacle et trois “passionnément”.

 

Respect et indépendance. Ni compromission ni pression.

 

La critique perd tout sens si elle n’est pas férocement indépendante. Ni compromission, ni pression : les journalistes n’ont qu’un seul point de mire, une règle absolue, au-delà de leurs sensibilités esthétiques, de leurs points de vue différents: l’honnêteté et le respect du spectateur, de l’artiste. Ils assument cette subjectivité… en dépit d’affrontements récurrents, de menaces, d’intimidations, d’insultes. Des figures puissantes d’institutions théâtrales, de grands artistes parfois, déclarent des journalistes persona non grata, brandissent des contrats publicitaires pour infléchir les avis, en appellent à la hiérarchie des quotidiens pour museler les rédacteurs. Les critiques acceptent… la critique, sur l’égal mode de l’honnêteté et du respect, mais à l’unanimité, ils refusent et dénoncent les pressions ainsi exercées, des oukases d’un autre temps.

 

Le jury des Prix de la Critique: Nurten Aka (le Vif-L’Express-focus, Radio Campus) , Marie Baudet (La libre, Didier Béclard (l’Echo), Laurence Bertels (La Libre), Camille de Marcilly (La Libre), Michèle Friche (Le Soir), Muriel Hublet (Plaisir d’offrir), Christian Jade (RTBF culture, chroniques sur Facebook), Catherine Makereel (Le Soir), Dominique Mussche (RTBF), Nicolas Naizy (Radio Campus, Metro).

 

 

 

www.lesprixdelacritique.be

 

 

 

 

 

PALMARES DES 40 NOMINES AUX PRIX DE LA CRITIQUE 2015

 

 

 

Meilleur Spectacle:Intérieur Voix, mise en scène de Delphine Salkin, Liebman Renégat, mise en scène de David Murgia;

 

–Vania!, mise en scène de Christophe Sermet.

 

Meilleure Mise en scène:La Ville(Michael Delaunoy), Les Mains Sales (Philippe Sireuil), Passions Humaines (Guy Cassiers).

 

Meilleure Comédienne:Ariane Rousseau (Notre peur de n’être),Sophie Sénécaut (Ondine (démontée)), Stéphanie Van Vyve (L’œuvre au Noir, Belles de Nuit).

 

Meilleur Comédien :Yoann Blanc (Ondine (démontée)) Perplexe,), Thierry Hellin (Les Mains Sales, Passions Humaines), Yannick Rénier (Vania!)

 

Meilleure Espoir féminin:Berdine Nusselder (Les Mains Sales), Taïla Onraedt (Cabaret), Eline Schumacher (Katzelmacher).

 

Meilleur Espoir masculin: Mathieu Besnard (La Cerisaie, L’enfant-colère), Clément Goethals (Petites histoires de la folie ordinaire, Le garçon de la piscine), Brice Mariaule (L’inquiétude d’être au monde, Démons me turlupinant).

 

Meilleure Scénographie: Alicia Jeannin, De la beauté, Stéphane Arcas Démons me turlupinant, Guy Cassiers Passions Humaines.

 

Création artistique et technique: L’ensemble de la création technique et artistique de Cabaret, Raymond Delepierre , création sonore d’Intérieur Voix, Pierre Bodson, musique de ReVoLt (T.Smits) et Vania (Tchékhov…Sermet)

 

Meilleur Auteur: Thomas Depryck (Le Réserviste), Riton Liebman (Liebman Renégat), Soufian El Boubsi et Joachim Olender (Ils tentèrent de fuir).

 

Meilleure Découverte: L’enfant-colère (Sophie Maillard), Ha Tafénéwai (Sophie Warnant), Manger des épinards, c’est bien, conduire une voiture, c’est mieux (Eline Schumacher).

 

Meilleur Seul en scène: Le Dernier Ami (Thierry Lefèvre), M’appelle Mohamed Ali (Etienne Minoungou), Vieil (Jean Le Peltier).

 

Meilleur spectacle de danse: Il Dolce Domani (Giolisu), Oshiire (Uiko Watanabe), ReVoLt (Thierry Smits).

 

Meilleur spectacle Jeune Public: Au Loin (Plastique Palace Théâtre),La petite fille aux allumettes (Pan!), Les Misérables (Karyatides).

 

Prix Bernadette Abraté: (hommage à l’ensemble d’une œuvre) Jean-Marie Piemme, écrivain, dramaturge.

 

Cet article est également disponible sur www.rtbf.be