• Théâtre  • KFDA 2019 : au cœur de Molenbeek, trois nouveaux directeurs infléchissent le programme vers la diversité.

KFDA 2019 : au cœur de Molenbeek, trois nouveaux directeurs infléchissent le programme vers la diversité.

Le départ de Christophe Slagmuylder directeur du KFDA, nommé en septembre directeur des Wiener Festwochen a provoqué l’arrivée à sa tête d’un jeune trio. Sophie Alexandre, Daniel Blanga Gubbay et Dries Douibi donnaient ce matin leur première conférence de presse pour présenter l’édition 2019. Ils nous ont répondu en collectif.

Bien sûr en 6 mois, ils n’ont pu donner que des « inflexions » à une programmation qui porte la trace des goûts de Christophe : Marcelo Evelin, Federico Leon, Lia Rodrigues, ATDK, Anna Rispoli, Alice Ripoll, Louise Vanneste et beaucoup d’autres artistes venus d’Orient (Corée, Thaïlande, Koweit), du Brésil, du Congo (Faustin Linyekula). Plus de danse, de performance, d’exposition ou de cinéma que de théâtre : une tendance lourde des dernières années du Kunsten.
Mais le trio a apporté une série de nouveautés « politiques » et citoyennes
auxquelles ils tiennent beaucoup: la « Free School » un atelier de savoirs multiples en plein cœur du festival à la Raffinerie /Charleroi/Danses, associée à Decoratelier et Recyclart. La Raffinerie devient donc le « centre » du festival, hors du « centre-ville », à Molenbeek, non loin de Kanal Pompidou où le festival s’étend aussi. Dans la même optique le lieu « De Kriekelaar«  à Schaerbeek devient un espace de dialogue avec les femmes musulmanes en plein Ramadan. 

Interview chorale de Sophie Alexandre, Daniel Blanga Gubbay et Dries Douibi

 Dries Douibi,Daniel Blanga Gubbay  et Sophie Alexandre directeurs du KFDA

Dries Douibi,Daniel Blanga Gubbay et Sophie Alexandre directeurs du KFDA – © Bea Borgers

Où vous situez-vos par rapport à vos prédécesseurs ?

SA/DBG/DD: Il y a 25 ans, l’enjeu était de faire un lien entre les néerlandophones et les francophones de Bruxelles. Aujourd’hui la réalité bruxelloise a changé et le défi est d’aborder toute la diversité bruxelloise et de faire du lien entre toutes les communautés.

Un exemple de cette nouvelle manière d’établir du lien ?

SA/DBG/DD: Il faut à la fois garder un rapport très fort avec les partenaires anciens mais en même temps en ouvrir de nouveaux et toucher de nouveaux publics. Ainsi De Kriekelaar, partenaire ancien un peu oublié revient avec le projet de Nacera Belaza , « Le Cercle », une création artistique pointue et exigeante. Le Kriekelaar, à Schaerbeek a une dynamique locale très forte, et donc il faut savoir ce qu’on présente, mais aussi comment. On présente donc des spectacles plutôt pendant la journée que le soir, et dans le cas spécifique de Nacera Belaza on combine son spectacle avec l’Iftar (le repas après le Ramadan), ce qui donne accès à autre public que le public traditionnel du festival.

Vous inaugurez un concept nouveau, la « Free School »..

L’idée est de transformer le centre du festival en école ouverte qui rassemble plusieurs classes, plusieurs workshops en parallèle dans lesquels on peut passer d’une pratique à l’autre dans la cour de la Raffinerie, et les bâtiments de la Région le tout  géré par Recyclart et Decoratelier .On passe du chant médiéval à la réflexion sur la science-fiction ou encore la transformation des voitures ou la danse gérée par des artistes comme Lia Rodrigues ou Alice Ripoll. En rassemblant des pratiques différentes on touche aussi des publics différents et la transmission d’une pratique artistique est parfois la porte d’entrée d’une vocation artistique qui peut rejaillir sur le festival. Deux workshops poursuivront leur activité au-delà des 3 semaines du festival pour surgir à nouveau au festival 2020.

Vous avez un soutien politique pour cette initiative en zone « Canal » de Bruxelles ?

Comme on a commencé en octobre, on a eu peu de temps pour mettre tout cela en place mais au niveau politique l’intérêt est là. Après la présentation de la « free school » édition 0, on pourra leur montrer du concret et demander un soutien politique belge ou … européen.

Vos « hits » ?

Anne Teresa de Keersmaeker et sa sœur Jolente vont créer un spectacle assez exceptionnel, « Somnia », dans le Parc du Château de Gaasbeek avec des étudiants de P.A.R.T.S. à partir de « Midsummer night’s dream » de Shakespeare, et de « Somnium » de Johannes Kepler, un des premiers livres de science-fiction. Donc cela va être exceptionnel. Le festival a aussi un engagement avec la scène artistique brésilienne, d’autant plus urgent dans la situation actuelle. On a donc invité trois chorégraphes Marcelo Evelin, Lia Rodrigues et Alice Ripoll.

Une programmation asiatique aussi ?

Il y a un artiste thaïlandais, une artiste qui vient de Tachkent, qu’on connait beaucoup moins. C’est notre volonté de présenter des esthétiques singulières et poétiques rares. Certains de ces projets étaient déjà là, et d’autres ont été ajoutés à notre arrivée en octobre. Il faut garder un festival avec une vision internationale sans tomber jamais dans l’exotisme.

D’autres favoris ?

Le projet de Trajal Harrell première apparition au festival. La scène bruxelloise, c’est important pour nous de la soutenir, dans sa multiplicité et sa complexité. Tout comme les projets de Mette Edvardsen et Louise Vanneste qui aura lieu ici à la Raffinerie. Il y aussi Forensic Oceanography, une installation où on questionne le spectateur sur sa responsabilité, par rapport à l’Europe que nous voulons.

Des francophones dans la programmation ?

Le projet de Louise Vanneste est une coproduction du festival avec la Raffinerie. Mathias Varenne va présenter son premier projet « Hurler sous la lune », soutenu par le théâtre de l’L’L et qui parle de science-fiction. Quant à Anna Rispoli, « The Class » est un projet important pour nous car c’est une collaboration avec deux écoles, une francophone et une néerlandophone à Bruxelles, à présenter dans un lieu central à Bruxelles la Monnaie.

En pratique

KFDA 2019 Du 10 mai au 1er juin.

Le programme complet sur le site officiel

Cet article est également disponible sur www.rtbf.be

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