• Théâtre  • « Do you wanna play with me ? ». Internet et ses poupées sexuées. Joli, mais à la surface du Net.

« Do you wanna play with me ? ». Internet et ses poupées sexuées. Joli, mais à la surface du Net.

Sylvie Landuyt nous avait charmés en 2014 avec « Elles », à la fois par son écriture et le dialogue musical entre elle, mère musicienne, et sa fille (de plateau!) Jessica Fanhan. Elles avaient l’une et l’autre remporté les Prix de la critique, Sylvie comme auteure et Jessica comme meilleur espoir féminin. Elles avaient aussi séduit l’actuel directeur du KVS, Michael De Cock qui les a pris comme artistes en résidence. Une sorte d’axe Brussel/Mons/Bergen à côté de l’axe bruxellois Théâtre National /KVS et sa « Toernee General ». Jessica a joué un rôle central dans « Malcolm X » dont elle est la récitante et « Kamyon » de Michael De Cock, pièce itinérante.

Sylvie Landuyt propose, elle, sa première coproduction KVS/Mars/Manège/Mons. Son inspiration est décidément très « maternelle » puisque si  » Elles  » proposait un dialogue très musical entre une mère et sa fille, dans  » Do you wanna to play with me ? «  une mère et le père …absents cèdent la place à leurs enfants adolescents, un frère et une sœur, Nadine et Manu, tentés par la pornographie et les jeux de rôle sur internet. Le père a disparu et la mère est plongée à longueur de journée sur …Facebook . On est vraiment dans la génération victime d’internet, sous toutes ses formes. Parents et enfants s’oublient mutuellement au point que les parents, brièvement et caricaturalement réunis, sont incarnés par des …enfants. Le rôle central est joué par un robot …féminin auquel s’identifie Nadine alors que Manu se sent plutôt…bi. Le texte ne dégage pas d’intrigue convaincante ni de  » personnage « , il semble au service et de la technologie, brillante et de la musique, omniprésente. Quand Internet, sur le fond,  et son frère jumeau, le brio technologique prennent  le pouvoir, l’humain n’est pas loin de l’humanoïde. Une tendance lourde, visible dans plusieurs spectacles cette année, où le brio visuel domine le sens, les rapports humains et donc le texte, parent pauvre de l’ensemble.

Et pourtant le spectacle est un ‘cadeau’ pour deux jeunes acteurs brillants. Sophie Warnant, y incarne  un rôle hypersexuel, avec le même talent qu’elle incarnait un rôle d’enquêtrice dans l’univers de la folie :  » Ha Tahfénéwai « , meilleure découverte aux  » Prix de la critique  » 2016. Et le jeune acteur flamand Dries Notelteirs est une vraie révélation aux talents multiples : une présence sur scène dynamique et un art du chant et de la danse remarquable. Sylvie Landuyt, maman  écrivaine, en portant son intérêt au monde adolescent a l’art de mettre en valeur de jeunes comédiens. Comme musicienne jazzy elle insinue par la musique, orchestrée par son complice Ruggero Catano ce que les paroles disent faiblement. Et elle utilise fort bien la scénographie de Vincent Bresmal pour faire cohabiter les fantasmes sexués de la toile et la réalité du plateau.

Au total un spectacle visuellement séduisant et bien incarné, à l’image de son sujet : tout en surface.

 » Do you wanna play with me ? «  de Sylvie Landuyt, créé au KVS, actuellement à Mars/Manège/Mons jusqu’au 2 février.

Christian Jade (RTBF.be)

Etape de travail avec la metteuse en scène

Cet article est également disponible sur www.rtbf.be

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