La Bellone. Une nouvelle directrice (Mylène Lauzon) installe (entre autres), le règne de la vidéo… de création.
La Bellone ? Un lieu de recherche et de réflexion dramaturgique, et une ouverture vidéo: c’est l’ambition de Mylène Lauzon, nommée directrice, ce printemps. Avec, comme assise, le centre de documentation qui en fait la réputation depuis belle lurette.
Quand on demande à Mylène Lauzon, née à Montréal, il y a 40 ans, mais qui passe le plus clair de son temps en Europe et en Belgique, quel est son défi, son « challenge » en arrivant à la Bellone, la réponse fuse: » J’ai déjà participé à des expériences ou dirigé des projets artistiques mais c’est la première fois que j’assume la direction générale et pas seulement artistique d’un lieu qui a son histoire, son infrastructure. Mon défi est donc de le respecter et d’y créer une dynamique nouvelle ». Première difficulté : gérer un lieu dont le budget global est de 500.000 euros (dont 350.000 euros de subventions distribuées, à parts plus ou moins égales, 1/3 chacune, par trois instances différentes, la Ville de Bruxelles, à qui appartiennent les très beaux bâtiments, la Fédération Wallonie Bruxelles et la Cocof bruxelloise). Vous avez dit complexité à la Belge?
Pas de quoi effrayer Mme Lauzon qui, débarquée à Bruxelles en 2004, a fait partie de 2010 à 2014 du CECN (de Manège. Mons), le centre d’excellence des nouvelles technologies appliquées aux arts vivants, dirigé par Pascal Keiser. Donc la FWB, Mylène Lauzon connaît ! En tant que poétesse elle a collaboré à Holeulone de la chorégraphe Karine Pontiès, s’appuyant sur un film d’animation de l’artiste visuel et bédéiste Thierry Van Hasselt. Un spectacle couronné en 2007 comme meilleure création danse par les Prix de la Critique. Elle travaille depuis 1998 au sein de compagnies de danse contemporaine -dont le maître québécois José Navas, influencé par Cunningham et l’architecture. Elle a aussi cofondé, en 2002 une revue de poésie, C’est selon, participé à d’autres revues « en francophonie » et défendu ses textes dans des lectures/performances. Avec une formation multiforme impressionnante, qui va de la théorie à la création littéraire en passant par la linguistique appliquée, influencée, dit-elle par Barthes, Ponge et Blanchot. Trop abstrait, trop poétique, tout çà?
Que nenni. Cette jeune femme de 40 ans, mince mais pas fragile, le regard bleu à la fois volontaire et…à l’écoute, a les pieds sur terre. Son premier souci: ouvrir la Bellone vers l’extérieur, du café en façade au fin fond de la Cour qu’un millier de touristes viennent visiter chaque mois. On n’attrape pas des mouches avec du vinaigre, donc elle veut profiter de cet intérêt patrimonial pour faire vibrer la célèbre Cour et la « galerie » qui la jouxte d’œuvres de création vidéo contemporaine. Café et Cour seront ouverts pour des « 5 à 7″culturels et conviviaux, des rencontres d’artistes ouvertes à tous les curieux. La maison sera donc accessible du mercredi au vendredi, de 9 à 19H et le samedi de 12 à 19H. Du concret ? En voilà. Mais au service d’une ambition.
Une triple ambition : un lieu de recherche, un outil de réflexion dramaturgique, des expos centrées sur l’art vidéo
Mylène Lauzon, Directrice de la Bellone – © Fabienne Cresens
« Nous ne sommes pas un théâtre, dit-elle, mais un lieu de recherche et un outil de réflexion dramaturgique pour la communauté des arts scéniques. Nous sommes là pour nourrir la réflexion des artistes et des chercheurs d’abord par notre très riche centre de documentation, dont je fais moderniser le site internet pour en faciliter l’usage. L’espace Bellone a trois fonctions. Dans la Cour un cycle de conférences, de rencontres…ou de projections vidéo. J’ai fait rééquiper, de matériel performant, deux lieux. Le « studio » au 1er étage, réservé à des résidences d’artistes-chantier ou recherche-, comme Florence Minder ou Julien Carlier. Et « la galerie », au fond de la Cour à gauche, sera comme une galerie d’art mais accueillant l’art vidéo. C’est ma principale innovation : ne plus organiser d’expos au hasard mais centrées sur un art en recherche. On pourra y voir à la fois des œuvres de vidéastes dont le sujet est lié aux arts de la scène (le plus fameux, Thierry De Mey) ou des metteurs en scène qui placent la vidéo au centre de leurs préoccupations (comme Anne-Cécile Van Dalem) avec cette année, notamment, les Sœurs H, mieux connues comme Groupe Toc, Marie Henry et sa sœur Isabelle. J’aimerais créer à la fois des espaces autonomes et des vases communicants entre ces artistes autour de ce double axe de recherche et de création ».
Ambition et pragmatisme, du solide sans prétention, sourire en coin : c’est la première impression laissée. Reste à attirer…le touriste… culturel en plus du chercheur.
NB : La Bellone nouvelle est arrivée et son site internet modernisé est déjà accessible pour y vérifier les activités ouvertes au public et les célèbres revues de presse, ouvertes à tous…moyennant un mot de passe.
Adresse internet www.labellone.be
Christian Jade (RTBF.be)
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