• Opéra  • La Monnaie 2017-2018. Retour au bercail, enfin ! Avec 12 opéras dont 4 nouvelles productions.

La Monnaie 2017-2018. Retour au bercail, enfin ! Avec 12 opéras dont 4 nouvelles productions.

Un petit vent d’optimisme soufflait vendredi sur la conférence de presse du directeur de la Monnaie, Peter de Caluwe. Après plus de 2 ans de galère et de ‘mise sous tente’ à Tour et Taxis, les travaux de rénovation du bâtiment central seront terminés le 23 mai, juste à temps pour rendre la salle ‘exploitable’ à partir du 5 septembre. Autre bonne nouvelle : Peter de Caluwe, après 10 ans à la tête de l’institution, voit son mandat prolongé  de quelques années.

Pour la première fois depuis longtemps la saison ne sera pas ‘thématique’ mais ‘pragmatique’ : il s’agit de récupérer les productions déjà commandées et non ‘exécutées’ en 2016-17, vu l’impossibilité de les faire jouer dans l’espace ‘élémentaire’ de Tour et Taxis. Mais la ‘philosophie générale’ de l’Intendant reste la même :’créer des productions artistiques innovantes avec un impact et un engagement social …(puisque) l’opéra est une forme d’art politique’.

La preuve par les 4 créations de la saison. En ouverture, en septembre, le ‘Pinocchio’ de Philippe Boesmans, sur un livret et une mise en scène de Joël Pommerat, est une fable sur le mensonge dont l’actualité n’échappera à personne. Pommerat adapte sa pièce de 2008 pour permettre à Philippe Boesmans d’y ajouter sa maturité lyrique. L’œuvre sera créée fin juin au Festival d’Aix-en-Provence, dirigé par l’ancien directeur de la Monnaie, Bernard Foccroulle.

Lucio Silla’ de Mozart (mis en scène par Tobias Kratzer et dirigé par Antonello Manacorda) abordera ‘le thème du leadership et du doute qui y est associé’. Tout comme ‘Lohengrin’ de Wagner, mis en scène par Olivier Py et dirigé par le chef maison, Alain Altinoglu (qui l’avait déjà dirigé à Bayreuth en 2015), qui tournera autour du nationalisme en Europe, notamment dans la relation franco-allemande. Olivier Py proposera aussi ‘Le dialogue des carmélites’  de Poulenc, des religieuses persécutées sous la Terreur révolutionnaire. En fin de saison hommage à Bartok avec, ensemble, ‘Le château de Barbe Bleue’ et ‘Le mandarin merveilleux’, ‘réflexion sur  l’intimité et le manque d’estime de soi’ avec un réputé metteur en scène hollandais Johan Simons .

De manière générale, le retour au bâtiment central, techniquement plus performant, avec un confort rénové de la salle, permet d’inviter à nouveau de grands metteurs en scène et de briguer l’excellence internationale. Outre Joël Pommerat et Olivier Py on retrouve l’Allemande Andrea Breth, dans des œuvres de Dallapiccola (‘Il prigionero’) et Wolfgang Rihm (‘Das Gehege’) ou, plus festif, Damiano Michieletto dans le traditionnel duo ‘Cavalleria Rusticana’ et ’Pagliacci’. Sans compter des versions concertantes qui permettront de retrouver Nicole Lemieux dans ‘Tancredi’ de Rossini ou Anna Caterina Antonacci dans ‘La Voix humaine’ de Poulenc.

Côté danse, confiance est faite à trois têtes de série maison, Anne Teresa de Keersmaeker, Sacha Waltz et Alain Platel.

Enfin Peter de Caluwe tient beaucoup à son ‘community project’, ’Orfeo et Majnun’ qui interroge le mythe d’Orphée en Occident et au Moyen Orient. Un projet qui allie théâtre et musique et se base sur la participation de jeunes des écoles bruxelloises. Avec de Caluwe l’opéra est bien une forme d’art politique, avec un engagement social d’autant plus important que l’Europe et le monde font face à ‘l’effondrement d’un système de valeurs’.

Infos sur la saison : https://www.lamonnaie.be/

Christian Jade (RTBF.be)

Cet article est également disponible sur www.rtbf.be

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