• Danse  • « Le chant des ruines » de Michèle Noiret. Chaos dehors, chaos dedans. Beauté, force, élégance***

« Le chant des ruines » de Michèle Noiret. Chaos dehors, chaos dedans. Beauté, force, élégance***

Le Théâtre National reprend du 18 au 22 février le spectacle de Michèle Noiret, créé à la Biennale de Charleroi Danse. Voici ma critique, positive, de l’automne 2019. Nul doute que mon seul bémol à la création,  « resserrer le tout » aura été corrigé en cinq mois de travail supplémentaire.

On connaît depuis une dizaine d’années le virage de Michèle Noiret vers le « cinéma danse ». Un attrait pour les univers cinématographiques de Lynch, Hitchcock et Tarkovski, et pour la technologie pointue, attrait renforcé par la découverte de l’univers et de la technique de la Britannique Katie Mitchell utilisant 5 caméras pour dynamiser la « Mlle Julie » de Strindberg. Un exercice de champ/contrechamp qui rejoignait ses propres recherches.

La diminution de sa subvention et le non-renouvellement de son statut d’artiste associée au National lui ont appris à poursuivre ses recherches avec des moyens plus modestes mais des astuces et une ingéniosité de son équipe qui font que, en qualité chorégraphique et vision du monde, on ne voit pas la différence. L’univers de carton, matériau bon marché qui permet une scéno minimaliste est parfaitement adapté aux ruines mouvantes d’un monde chaotique. La puissance des images dominée par l’élément aquatique et les plaques tectoniques menaçantes sont bien là, tout comme leur lien avec le groupe de cinq danseurs à la technique parfaite effectuant un périple erratique dans un monde plein de menaces. Le sujet du désastre annoncé est bien là, ce chaos intérieur et extérieur avec ses thèmes et variations visuellement somptueux. Mais la volonté explicite de Michèle Noiret de ne pas les lier par un fil conducteur nous laisse parfois un chemin : il faudra manifestement un peu resserrer le tout. Mais telle quelle la performance de Liza Penkowa, Sara Tan, Alexandre Bachelard, Harris Glekas et Denis Terrasse, les créations vidéo de Vincent Pinckaers, la scénographie de Wim Vermeylen les lumières de Gilles Brulard et la musique de Todor Todoroff permettaient à la mise en scène de Michèle Noiret assistée de David Drouard de nous faire pénétrer dans un monde fascinant et inquiétant où les vieilles valeurs presque englouties flottent à l’horizon.

Le chant des ruines de Michèle Noiret, créé à Charleroi danse, repris au Théâtre National du 18 au 22 février 2020.

 

Cet article est également disponible sur www.rtbf.be

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