• Prix Critique Maeterlinck  • Les  » Prix de la critique  » privés de subvention par la Ministre de la Culture, Alda Greoli :la réponse complète et officielle.

Les  » Prix de la critique  » privés de subvention par la Ministre de la Culture, Alda Greoli :la réponse complète et officielle.

Pour les professionnels ? Sûrement.  Mais à notre avis, le grand public est plus ‘curieux’ de théâtre que Mme la Ministre ne le suppose en supprimant  l’hommage public que nous lui rendons chaque année.

Dans une  » opinion  » publiée par La Libre Belgique du 11 janvier, nous avons donné la réponse collective des 15 membres de l’ASBL ‘Les Prix de la Critique’ , son AG en somme, à la suppression sans avertissement de sa subvention .Il est fait allusion dans cette  » opinion  » à la réponse ‘officielle’ et complète  du CA, l’instance officielle des ‘Prix de la critique’ à Madame Alda Greoli, Ministre de la Culture de la Fédération Wallonie-Bruxelles et à sa commission, le CIAS. La voici telle que nous la lui adressons.

Le CA de l’ASBL  » Prix de la Critique Théâtre/Danse  » a reçu un courrier de Mme la Ministre  Greoli, en date du 21 décembre 2017 nous annonçant  son refus de toute   » aide au projet « . Un refus motivé par la  » pertinence « , dit-elle,  d’un avis du Conseil interdisciplinaire des arts de la scène (CIAS), qui rend un avis  consultatif  négatif, mais non contraignant.  Voici donc éliminé un projet bénévole d’hommage au théâtre, adulte et jeune public, à la danse et au cirque. Or par deux fois Mme Greoli y a assisté et pris la parole, au Théâtre National (2016) et au Théâtre de Namur (2017). Elle peut donc parfaitement juger de la  » pertinence « , on non, des ‘arguments’ de sa commission   » consultative « , aux avis non contraignants.

Les justifications du CIAS pour la suppression d’une subvention, accordée depuis 2002. 

1.  » Cet événement récompense en majorité des individus, alors que les disciplines des arts de la scène ont une dimension collective évidente « .

C’est la négation absolue de notre pratique réelle. En 2016, en présence de Mme Greoli, le collectif Nimis Groupe figurait parmi les 3 meilleurs spectacles de l’année. Et toute l’équipe artistique et technique de ‘Cold Blood’ de Jaco Van Dormael et Michèle Anne De Mey était récompensée. En 2012 le Raoul Collectif était lauréat du prix  » découverte « . De manière structurelle, parmi les 14 prix, 7 récompensent un travail ‘collectif’ (spectacle, mise en scène, spectacle jeune public, spectacle de danse, de cirque, découverte et création artistique et technique). Que les autres prix saluent de pauvres  » individus « , acteurs et actrices, jeunes ou confirmés, des auteurs/autrices et scénographes, où est la ‘faute’ et la justification de la ’sanction’ ?

 2. Le CIAS  » estime que la plupart des artistes primés sont déjà connus et bénéficient déjà d’une certaine notoriété « .

C’est une contre vérité, démentie par tout notre palmarès. Structurellement, nos prix ‘découverte’,  ‘jeune acteur/actrice’, ‘ jeune public’, révèlent des gens peu ou pas connus. Exemple, en 2017, en présence de la Ministre, la jeune Héloïse Meire, est proclamée lauréate du ‘meilleur spectacle’. En 2010 le spectacle fondateur du jeune Fabrice Murgia,  » le Chagrin des ogres  » figure parmi les 3 meilleurs spectacles nominés. Anne-Cécile Vandalem deux fois lauréate (en 2007 et 2011) ne pouvait donc, selon les critères du CIAS, l’être en 2016, pour  » Tristesses « , en raison de sa ‘notoriété’ excessive à Avignon, la même année ? David  Murgia, acteur de théâtre et cinéma, 2 fois lauréat (2013 /2017, en présence de Mme Greoli),  trop ‘connu’ ? Faut-il désormais aussi éliminer de nos prix les acteurs/actrices de théâtre qui révèlent leur talent trop ‘notoire’  dans les séries TV de la RTBF?

3.  » Le CIAS constate que cet événement bénéficie d’une faible visibilité tant auprès des professionnels des arts de la scène que du public. « 

Nos prix seraient trop peu ‘connus’ et nos lauréats trop ? Cherchez l’erreur logique! Des professionnels absents ? Ils sont chaque année 300/400 en Wallonie, 500 /600 à Bruxelles, dans la grande jauge du National. Avec une salle pleine de… professionnels, les théâtres peuvent instaurer un ‘quota’ spécial pour leur ‘public’ d’abonnés. Une simple suggestion.

Une faible visibilité ? Il n’est pas un théâtre, une compagnie, un acteur culturel qui ne mentionne dans sa pub ou son CV cette référence,  » Prix de la Critique « , en tant que lauréat ou simple ‘nominé’. De plus, le lendemain de la cérémonie, le palmarès est largement commenté dans la presse écrite et au JP de 8h de la RTBF et les lauréats invités dans les émissions culturelles de la RTBF. En 2017, Marie-Aurore D’Awans, meilleure seule en scène, intervenant,  à la cérémonie, en faveur des migrants a été filmée par la RTBF et  mise sur son site ‘culturel’ « Jour de relâche ». Cette séquence a touché plus de …500.000 spectateurs et sa version surtitrée en flamand plus de 100.000 ! En matière de  » visibilité  » on fait pire ! Ce prix, culturel, a aussi des répercussions sociales, grâce à des acteurs/trices citoyen(ne)s.

Une faible visibilité ? En 2016 le metteur en scène suisse allemand Milo Rau, vedette internationale, devenu en 2018 directeur du NT Gent, était très heureux de recevoir un Prix spécial d’un jury…francophone. En présence  des ministres Greoli et Gatz remettant, ensemble, un prix aux directeurs du Théâtre National et du KVS, Jean-Louis Colinet et Jan Goossens, pour leur remarquable travail commun sur Bruxelles. En 2017, le quotidien flamand de référence  ‘De Standaard’ titrait sur Alain Platel, prix spécial du Jury:  » Prix de la critique: Alain Platel wint prestigieuze theaterprijs in Wallonië « ? Eh oui, nul n’est prophète …dans sa région.

 4. Dernier critère : la demande de subvention (12.100 euros) au lieu de la subvention précédente (5350 euros).

Le CIAS s’étonne des ‘frais de bouche’ de 4000 euros dont 2800 pour le verre dit ‘de l’amitié’  et les zakouskis d’après cérémonie (calcul: 7 euros X 400 invités =2800, parfois proches de 600=4000). Que ces frais doivent être assumés par un sponsor ou le théâtre d’accueil, ce n’est pas à nous de juger. Restent que 8100 euros sur 12.100 ne sont pas contestés par le CIAS.  Une somme, minimale, qui nous aurait permis de discuter, sans mendier, avec des institutions dont la Ministre augmente copieusement les subventions (de 2 .500.000  à 7 millions). Or chaque année, la plupart des institutions   » riches  » qui nous hébergent nous reprochent de n’apporter ‘que’ 3800/4000 euros, alors que leurs frais réels sont de 8/10.000 et les nôtres de 1700 euros. Alors, ‘combat de pauvres’ ? Pire : avec vous, Madame la Ministre,  on passe de la pauvreté à la mendicité.

Conclusions :

Le CIAS refuse notre demande sur base de 3 ‘arguments’, ’pertinents’ pour Mme Greoli, des contre-vérités pour nous. Le 4è, les ‘frais de bouche’, pouvait faire l’objet  d’un simple refus motivé. Le CIAS est un organisme ‘consultatif’ qui n’oblige donc pas la Ministre, qui, présente 2 fois à la cérémonie, a pu y constater la ‘pertinence’ de nos arguments. A-t-elle vraiment lu le rapport du CIAS ? Oublié ce qu’elle a pu voir et entendre par elle-même?

La suppression totale de la subvention aux Prix de la critique est donc un acte politique agressif qui désavoue un jury bénévole et prive moins les critiques que les acteurs des arts de la scène. Cette cérémonie d’hommage aide aussi à la promotion de carrières fragiles. Cet acte ministériel (délibéré ?) oblige à une réflexion collective des grandes institutions qui nous accueillent, des compagnies et des artistes professionnels que nous honorons. Toutes les options restent ouvertes, le débat est ouvert.

Le CA des Prix de la Critique :

Christian Jade (RTBF.be), président. Nicolas Naizy (Metro/Belga/Campus ULB) et Michèle Friche (Le Soir), vice-présidents. Catherine Makereel (Le Soir), secrétaire. Laurence Bertels (La Libre Belgique), trésorière.

 

 

 

 

 

Cet article est également disponible sur www.rtbf.be

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