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« Pays de danse » (Liège): du spectaculaire à l’intime, du tragique à l’humour. un tracé équilibré.

Des œuvres grand public, fortes et prenantes.

Commencé, le 28 janvier, par le spectaculaire « Three » de l’Israélien Ohad Naharin, acclamé par un public debout, il se conclura, les 19 et 20 février par un populaire « Buenos air tango« . Populaire mais de grande qualité avec deux couples de champions du monde classiques (2012 et 2014). Et un couple d’hommes rappelant que le genre, né dans les bas-fonds de Buenos Aires, a aussi fait danser des hommes de l’immigration italienne massive, à la fin du XIX è siècle, en manque de femmes, ou les fréquentant dans les bordels de Buenos Aires ! Après les « champions du monde », les amateurs se lanceront sur la piste, au son de la milonga.

Métissage culturel.

– © Gnaganu

Dans le même genre spectaculaire et métissé Fatou Traoré, chorégraphe franco-malienne centrée à Bruxelles propose le 15 février Au pied du mur du temps, un retour à ses sources africaines. Fatou Traoré, danseuse de formation classique, passée par ATDK et Alain Platel a eu la chance de rencontrer Fabrizio Cassol, saxophoniste de Aka Moon pour sa première création, en 1995 « On The wave ». Le choc de sa vie, début d’un parcours varié, comme elle le confie cette semaine à Focus-Vif : « Fabrizio Cassol, le saxophoniste d’Aka Moon, m’a fait don du feu, ce fut initiatique. Il a façonné ma danse comme le hip-hop, la danse africaine, le cirque et la musique contemporaine, base de mes deux prochaines créations » « Au pied du mur du temps » c’est un peu l’histoire de son retour tardif à ses sources africaines (2012) et un éloge du métissage culturel. On verra sur scène 8 danseurs et 5 musiciens africains et européens mêlant tradition et modernité. Mariage et non choc des civilisations.

Politique ? Existentiel ?

– © Alwyn Poliana

Moins pacifique, « Extremalism«  d’Emmio Greco et PieterC. Scholten met en scène une trentaine de danseurs du Ballet de Marseille et de ICamsterdam. Leurs corps éreintés et stressés exprimeront une révolte contre la société qui les torture. Dans le style « extrême et minimal » qui fait la réputation de ce duo depuis 20 ans. Un sujet « trash » qui a ouvert le Festival de Montpellier Danses 2015. Attention : à voir à Maastricht (service de bus depuis Liège le 16). Ou au Concertgebouw de Bruges le 13.

Trash et politique aussi (le 17) : Uni-Form de Jorge Leon et Simone Aughterlony. Comme une réponse, très actuelle à l’état d’urgence permanent où nous plonge une situation politique oppressante. Sept performeurs et une bande son terrifiante nous plongeront dans un climat à la fois catastrophique et ironique sur la société de plus en plus « policée » que nous subissons passivement.

Intimisme et humour.

“Expiry date”, BabaFish Cie

“Expiry date”, BabaFish Cie – © © Sigrid Spinnox

Une pépite humoristique No dance no paradise(le 13) du Catalan Pere Faura (première belge). Il danse « habité » par les fantômes d’AnnaPavlova, John Travolta, Gene Kelly, William Forsythe et …ATDK. Amour et humour, souvenirs et réincarnations, parodie et clins d’œil malicieux : une belle respiration !

Humour toujours, au seuil de la mort, avec Expiry date du groupe Babafish (le 13 à Eupen), qui met en scène un vieil homme au seuil de la mort passant par toutes les couleurs de l’éventail de sa vie. Humour toujours, sur le thème de sa date de naissance, 25/06/76, pour l’Argentine de Bruxelles Ayelen Parolin qui nous raconte son périple biographique parlé et dansé, du classique au contemporain. Elle revisite un solo créé il y a 10 ans avec un complément…maternel. (les16/17)

Pays de Danse, lieu de passage et rampe de lancement.

Side effects Anton Lashky

Side effects Anton Lashky – © Joris De Bolle

Enfin, le Festival liégeois s’il innerve le « pays » liégeois est aussi une étape pour de nombreux spectacles circulant en Belgique.

C’est le cas de l’excellent Vai y passa d’Erika Zueneli, présenté en ouverture du festival. Inspiré des « Vagues » de Virginia Woolf il nous propose, à partir de la marche simple dans un décor minimaliste un portrait de groupe où la répétition prend petit à petit des allures d’obsession citadine. Comme une jungle abstraite. A revoir (les 18/19 mars) au Festival In Movement, aux Brigittines (du 3 au 25 mars). Ou encore Phasmes, très beau solo de Fré Werbrouck magistralement interprété par Lise Vachon. Créé au Marni, passé par Liège et atterrissant à In Movement les16/17 mars.

Enfin Side Effects d’Anton Lachky, créé à la Biennale de Charleroi Danses, passé par Liège revient à Bruxelles la semaine prochaine, à la Balsamine, du 16 au 19 février.4 jours, un record en danse contemporaine, en Belgique! Fantasmes de femme au rendez-vous.

 

Pays de Danse au Théâtre de Liège jusqu’au 21 février. www.theatredeliege.be

Christian Jade (RTBF.be)

Cet article est également disponible sur www.rtbf.be

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