» Fractal » de Clément Thirion, première d’un retour de la danse à la Balsa. ***
« Fractal »: une danse astronomique, généreuse et drôle.
Clément Thirion est un homme orchestre : comédien, danseur, metteur en scène et prof de sciences, à ses heures, qui croit profondément à sa « matière ». Un enthousiaste paisible mais obstiné. Après la terre, ses silex et le chainon manquant, dans son délicieux » weltanschauung « , avec Gwen Bérou, il y a 2 ans, voici qu’il projette ses rêves dans l’espace, dans le » bruit des planètes » qui dément les sombres pensées de Pascal : » Le silence éternel de ces espaces infinis m’effraie ». Fini, Blaise, le « silence » le l’univers! Grâce à la science, qui te passionnait autant que la foi et et la philosophie, on a réussi à le faire parler ton univers. Le bruit des planètes est rendu vraisemblable, dans ce spectacle par un excellent montage sonore de Thomas Turine. Donc l’Infini est toujours d’actualité.
La fascination de l’infini
Et fascinant pour Clément Thirion qui nous en fournit une démonstration magistrale, un peu trop longue en ses débuts (mon seul bémol). Non sans humour il joue le Monsieur Loyal d’un cirque des astres avec lesquels il jongle, non comme Chaplin manipulant la Terre mais comme un prof soucieux de nous prouver que les extra terrestres ne sont jamais bien loin. Qu’il faut y croire, la preuve : nier ces extra-terrestres, c’est comme nier qu’il y ait des poissons dans l’eau en n’en retirant que quelques sauts d’eau !. C’est toujours drôle une » démonstration par l’absurde « . A fortiori si elle repose sur une mise en scène très visuelle où les astres en personne sont convoqués à partir d’un observatoire complice et de l’humour du chef qui pimente les plats avec une sauce au fractal.
Voilà donc le mot clé : fractale, une nouvelle géométrie, celle du chaos, imaginée en 1974 par Benoît Mandelbrot. Une nouvelle version du vieux lien macro- et micro/cosme. Soit un chou-fleur ou une éponge que vous voyez de loin ou de près. Vous les coupez en autant de morceaux que vous voulez et constatez que chaque morceau reproduit le tout ! Appliquez ça à votre ADN et vous voilà relié aux astres et pas bien loin des extra-terrestres potentiels. Un raccourci, en somme.
26 planètes sur pattes !
Et la danse, me direz-vous ? C’est la clé de la réussite, et de la démonstration et du spectacle. Quand 26 danseurs surgissent des coulisses, l’espace imaginaire devient soudain concret. Avec des mouvements simples et répétitifs le groupe de très jeunes danseurs occupe l’espace de l’amphi/théâtre de la Balsa. Mais leurs corps, partiellement éclairés et projetés dans la nébuleuse des astres reproduisent ces fameux mouvements mathématiques qui les projettent dans l’univers. Un beau moment qui transforme la démonstration du prof en une belle utopie poétique. Clément Thirion, tête chercheuse, ovni de notre paysage théâtre/danse a lutté 3 ans pour faire voir ces jeunes, étudiants ou à peine sortis des cours. Il poursuit donc avec bonheur ce rêve, entre recherche fondamentale et accomplissement artistique : faire du rêve sa réalité. Et faire partager ce rêve, très concret par une majorité de ses semblables.
Fractal de Clément Thirion, à la Balsa jusqu’au samedi 6 février. http://www.balsamine.be/
100% danse à la Balsa.
Nicola Leahay dans Revolt de Thierry Smits – © Hichem Dahes
Il fut un temps où tout ce qui comptait, ou espérait compter, en (jeune) danse contemporaine belge (ou du moins produite en Belgique francophone) passait par la Balsa. Danse Balsa, initiée par Christian Machiels, puis étendue à d’autres institutions, (dont le Marni)
« Revolt » de Thierry Smits : un solo éblouissant de Nicola Lehaey
Ce mois de février, qualifié de « 100% danse » par la Balsa n’est pas vraiment un festival. Mais, outre la création de Clément Thirion, la Balsa invite une des vedettes de feu Danse Balsa,
Thierry Smits reprend «Revolt», créé au Public en 2015. Un solo éblouissant pour la danseuse Nicola Leahay, commenté ainsi par Didier Béclard de L’Echo, sur le site des Prix de la critique : « Jouant sur des différences d’énergie et de tension, Nicola Leahay déploie une palette incroyable de gestuelles alternant dureté et rondeur, effets bruts et grâce absolue, et réussit la prouesse remarquable de transmettre le sentiment d’oppression dans une pièce dont on ressort bouleversé »
Ce spectacle était un des 3 nominés des Prix de la danse 2015.
(du 24 au 27 février) http://www.balsamine.be/
«Side effects» d’ Anton Laschky
– © Joris De Bolle
La première bruxelloise d’un spectacle créé à la Biennale de Charleroi-Danses, à l’automne 2015. Extrait de la présentation :
« Un tableau surréaliste qui se déroule dans l’esprit d’une femme délirante .La réalité qu’elle s’invente, sa relation au monde et sa connexion aux autres suivent des règles qui n’ont de sens que pour elle… Les quatre personnages de la pièce sont de simples mirages issus d’une famille dysfonctionnelle, d’une secte occulte, d’une réalité lointaine «
Du 16 au 19 février http://www.balsamine.be/
Christian Jade (RTBF.be)
Cet article est également disponible sur www.rtbf.be